La Sirène des Pompiers
Hubert et Zanzim ed Poisson Pilote
Paris fin du XIXeme. Fulmel, critique d'art renommé, ne comprend pas comment Gélinet petit peintre sans grand talent qu'il qualifie de "laborieux gribouilleur" devient en peu de temps un peintre encensé par le Tout Paris en peignant des sirènes.
Il se rendra compte au fil des pages que le modèle est bien réel. Celle-ci lui raconte alors sa rencontre avec le peintre. Elle vient de Bretagne, terre de légendes, où dans la pure tradition d'Andersen, les sirènes sont censées séduire les marins avec leurs chants puis les entraîner vers les profondeurs pour enfin les laisser se noyer entre leurs bras.
Elle vit mal sa condition de sirène, elle veut faire autre chose, connaître le Grand Monde de la capitale. Elle y rencontrera le peintre qui en la prenant comme modèle deviendra un peintre reconnu.
Il se mettra alors à peindre toutes les grandes dames de Paris en sirène (critique de l'art pompier toujours plus ou moins la même chose).
La sirène quand à elle devient collectionneuse de tableaux de paysages, de personnes réelles. Ces peintures faites en extèrieur qui prendront plus tard le nom d'impressionnisme n'étaient pas considérées comme de l'art à cette époque. Pour notre héroïne elles dégagent beaucoup plus de choses, de sentiments.
Cette BD nous rappelle que l'art pompier était l'art officiel au temps des impressionnistes, alors qu'aujourd'hui il est plutôt oublié.L'impressionnisme marque la rupture de l'art moderneavec l'académisme (la définition de l'adjectif pompier est : d'un academisme emphatique). La tendance de ce nouveau courant à l'époque est de noter les impressions fugitives, la mobilite des phénomènes plutôt que l'aspect stable et conceptuel des choses.Les peintres impressionnistes sont des peintres réalistes qui maîtrisent l'étude du plein air et font de la lumière l"élement essentiel par opposition à l'art pompier et ses couleurs sombres qui recherche le beau idéal et l'essence éternelle des choses.
HUBERT par ses couleurs met bien en évidence ce contraste. Le style de ZANZIM proche de celui de TANQUERELLE est dans la pure lignée de celui de SFAR.
HUBERT notamment connu pour LE LEGS DE L'ALCHIMISTE (avec TANQUERELLE quelle surprise!!!) et MISS PAS TOUCHE (avec KERASCOET) nous entraîne dans un récit peut être moins innovant que dans ces précédentes productions mais trés bien construit et surtout trés agréable à lire.
Cette BD est agrémentée d'un cahier de croquis préparatoires et d'Huiles sur Toiles de toute beauté.